Pendant la première guerre mondiale, pendant que ses deux frères partent se battre, Claire a 20 ans et part en retraite spirituelle.
En 1916, lors d’une de ses visions avec le Christ, elle voit le cœur de Jésus « lacéré par les péchés de l’humanité » et traversé par l’athéisme.
Cela correspond à la situation politique et spirituelle du pays.Claire vit la Passion du Christ, Jésus lui dira « Ma petite Claire, ne regarde pas vers la terre mais vers le calvaire où je te conduirai ». Claire se confie au curé de l’église de Loublande, l’abbé Audebert qui lui demande de mettre par écrit ses visions. Dans cette France aux racines chrétiennes, Claire se sent investie d’une double mission pour le Christ !
Celle de la messe perpétuelle à l’intention de la France, qui consisterait en un office célébré par des prêtres se relayant pour célébrer les messes en continu, celle d’obtenir l’effigie du Sacré-Cœur sur le drapeau national et sur les uniformes militaires.

Claire décide alors de contacter le président Raymond Poincaré.

Raymond Poincaré est un président assez modéré, toutefois, il est partisan de la laïcité. Les débats sont nombreux à cette époque, autant sur l’Enseignement libre et la séparation des Églises et de l’État, mais la France est à cette époque très anticléricale et milite haut et fort !
Raymond Poincaré écrit en 1921 à Charles Benoist, qui enseigne l’histoire constitutionnelle de l’Europe Occidentale à l’École libre des Sciences Politiques « De vous à moi, il n’y a pas tant de différence. – Il y a toute la question religieuse. »

Claire est toutefois reçue en audience grâce à l’intervention d’un député royaliste de Vendée par le président Poincaré le 16 janvier 1917. Elle lui dit pendant son entretien, que le Sacré-Cœur souhaite que la France officielle reconnaisse Dieu pour maître.
La France doit montrer que la religion n’y est plus persécutée en acceptant de peindre le Sacré-Cœur sur les drapeaux Français et que l’armée française autorise le port de cet emblème sur les uniformes des soldats, afin de les protéger et de permettre la victoire.

Le président Raymond Poincaré expliquera à Claire Ferchaud qu’il ne peut « défaire les lois » et que l’on ne peut pas modifier le drapeau national. Toutefois, il lui promet qu’il posera la question à la chambre des députés. Même l’évêque de Paris de l’époque refusera de croire aux révélations du Christ que Claire Ferchaud reçoient.
Le 7 mai 1917, Claire Ferchaud enverra une lettre à quatorze généraux d’armées, demandant que l’image du Sacré-Cœur, une image d’espérance et de salut, soit posée sur le drapeau Fran-çais et les uniformes militaires.
Le général Foch, commandant le 20e corps de l’armée de Nancy et commandant suprême des forces alliées, lui seul a répondu positivement à la demande de Claire et a consacré les forces armées Françaises et alliées au Sacré-Cœur lors d’une cérémonie privée le 6 juillet 1918.
Pendant la première guerre mondiale, des milliers d’images du Sacré-Cœur de Jésus seront distribuées aux poilus, une circulaire en date du 6 août 1917 contresignée par Pétain en interdira l’exhibition.

Claire Ferchaud met en place une communauté de « vierges réparatrices » où elle prendra le nom de sœur Claire de Jésus Crucifié.
Elle reçoit au début l’accord des autorités religieuses. Cependant, un décret du Saint-Office ne reconnait pas ses révélations. Sa communauté doit fermer.
En 1964, le cardinal Ottaviani, pro-préfet de la congrégation de la Doctrine de la Foi déclare que la chapelle peut ouvrir de nouveau ses portes. Les prêtres qui souhaitent faire connaître sœur Claire de Jésus peuvent le faire.
Le père Albert Hus, samaritain de la messe perpétuelle et supérieur des Montfortains plaida auprès de Rome la cause de Claire Ferchaud.

Claire est inhumée au cimetière de Loublande, sur sa tombe est écrit « Humble, victime d’expiation, elle fut obéissante jusqu’à la mort, dans l’amour de l’Église et de la France. ».
Aujourd’hui, dans le village de Loublande, les descendants de sœur Claire, Geneviève Fer-chaud, mariée au neveu de Claire et Jean-Yves Robert, époux de sa nièce, organisent des visites de la maison natale. Un sanctuaire sera inauguré après le décès de Claire Ferchaud, avec une grande croix et quatre autels disposés pour rappeler les points cardinaux.
Un peu plus loin, la petite chapelle des Rinfillières se dresse sur ce lieu chargé de spiritualité. Sa maison natale se visite encore chaque dimanche après-midi.
Encore aujourd’hui, la prière de Sœur Claire de Jésus Crucifié est récitée.

La Prière de Sœur Claire de Jésus Crucifié « Ô Cœur de Jésus, broyé à cause de nos péchés » :

« Ô Cœur de Jésus, broyé à cause de nos péchés, Cœur attristé et martyrisé par tant de crimes et de fautes, Cœur, victime de toutes les iniquités, je Vous aime de toute mon âme et par-dessus toutes choses, je Vous aime pour ceux qui Vous méprisent et Vous délaissent, je Vous aime pour ceux qui Vous outragent et Vous empêchent de régner, je Vous aime pour ceux qui Vous aban-donnent seul dans la Sainte Eucharistie, je Vous aime pour les âmes ingrates qui osent profa-ner votre Sacrement d’Amour par leurs insultes et leurs sacrilèges. Cœur de Jésus, pardonnez aux pécheurs : ils ne savent pas ce qu’ils font ! Cœur de Jésus, soutenez tous ceux qui propa-gent votre saint Nom ! Cœur de Jésus, soutenez tous ceux qui souffrent et qui luttent ! Cœur de Jésus, faites que la société s’inspire en tout de votre Saint Évangile, seule sauvegarde de la justice et de la paix ! Cœur de Jésus, que les familles et les nations proclament vos droits ! Cœur de Jésus, régnez sur ma patrie ! Cœur de Jésus, que votre règne arrive par le Cœur Im-maculé de Marie ! Ainsi soit-il. ».